Les paroisses

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Cadre essentiel de la vie locale à la Renaissance, la paroisse recouvre plusieurs réalités. Elle correspond à la fois à un territoire défini et à la communauté d’habitants qui y vit. Ayant pour épicentre l’église paroissiale, la paroisse est administrée par le curé qui a charge des âmes [Jouanna, 2001, p. 125]. Les biens temporels de la paroisse sont quant à eux du ressort de la fabrique, administrée par la communauté des paroissiens (les fabriciers). Étaient également désignés des marguilliers qui s’occupaient de la répartition des impôts parmi les résidents [Palustre, 1887, p. 38]. Ces biens permettaient d’assurer l’entretien des bâtiments et le culte.

 

Saint-Saturnin

La paroisse Saint-Saturnin était l’une des plus grandes paroisses intra-muros de la cité, mais également l’une des plus prospères. En pleine extension à la fin du XVe siècle, la paroisse se vit doter de deux nouvelles rues qui furent loties dans la foulée. La rue Ragueneau permit ainsi d’offrir un accès à la Loire depuis la Grand-Rue en 1483 [Noizet, 2007] et la rue Neuve se fit la parallèle de la rue Traversaine et devint le refuge de nombreux officiers aisés et d’artisans au service de commanditaires prestigieux [Chevalier, 1983, p. 222]. La partie nord-ouest de la paroisse était un quartier plus populaire rendu dynamique par la présence des ports de la Loire et des nombreux artisans de bouche qui y œuvraient. La densité de ce quartier en faisait un vivier de prédication tout indiqué pour les Carmes qui s’y installèrent dans la première moitié du XIVe siècle [Mabire La Caille, 1981, p. 52]. Nombre de grands officiers du royaume résidaient au sein de la paroisse et participaient à son rayonnement notamment par la construction de somptueux hôtels particuliers. L’un de ceux qui œuvra le plus pour sa paroisse fut sûrement le surintendant des finances Jacques de Beaune. Non content de se faire bâtir un vaste hôtel urbain entre les rues Traversaine et Neuve [Grandmaison, 1885, p. 131 – Spont, 1895, p. 106], il agrémenta également le carrefour de la Grand-Rue avec le rue Traversaine d’une fontaine de marbre [Spont, 1895, p. 104]. Il participa également activement à la grandeur de l’église paroissiale dans laquelle il possédait une chapelle privative [Spont, 1895, p. 273]. Parmi les autres grandes familles ayant résidé au sein de la paroisse Saint-Saturnin et ayant œuvré à son prestige, se bousculaient les Bohier et autres Ruzé. La paroisse renfermait également l’abbaye Saint-Julien dont le vaste enclos s’étendait sur l’ensemble de sa partie nord-est.

 

Saint-Pierre-du-Boile

Saint-Pierre-du-Boile était, avec Saint-Saturnin, l’un des plus grande paroisse intra-muros de la cité. À l’instar de sa voisine, la paroisse était occupée sur l’ensemble de son angle sud-ouest par la cathédrale et son quartier canonial. Son angle nord-ouest était quant à lui occupé par le château qui fut résidence et prisons royales. Plus important peut-être encore était la présence du pont Eudes qui débouchait sur la paroisse. Pour les visiteurs accédant à la cité ligérienne par la rive nord, la paroisse Saint-Pierre-du-Boile, traversée par la Grand rue, était donc la vitrine de la ville. Le dynamisme économique était assuré par ses ports et par la place Foire-le-Roi qui accueillit par ordonnance royale de François Ier deux foires par an à partir de 1545 [Catalogue des actes de François Ier, T. 4, p. 765]. Les Jacobins y trouvèrent là un endroit tout indiqué pour s’installer et se livrer à la prédication. La place Foire-le-Roi était en effet densément peuplée en raison de plusieurs campagnes de lotissement opérées par les religieux de Saint-Julien [Noizet, 2007]. C’est également cette place que choisit Philibert Babou de la Bourdaisière pour faire construire son hôtel particulier. Cœur névralgique de la vie paroissiale, la place fut dotée d’une fontaine en 1512 [Domec, 1987, p. 796].

 

Saint-Pierre-des-Corps

La paroisse doit son nom à sa fonction de lieu de sépulture depuis l’antiquité. À l’époque gallo-romaine, elle était le lieu d’incinération des défunts. Par la suite, la paroisse accueillit un vaste cimetière, d’où le nom de Saint-Pierre-des-Corps. À cheval sur les murailles de la cité, la paroisse ne comprenait qu’une petite partie de son territoire à l’intérieur des murs de la ville. Quant à sa partie à l’extérieur de l’enceinte, il reste difficile de la délimiter. Les limites de la paroisse se perdent dans celles du faubourg. L’essentiel de la populaire s’articulait autour de la Grand-Rue (actuelle rue Blanqui). Au-delà s’étendaient des jardins et quelques habitations éparses. La Grand-Rue, qui traversait la paroisse, était la voie d’accès à Orléans. Très fréquentée, elle fut favorable au développement d’hôtelleries et auberges.

 

Saint-Étienne

Cette paroisse du sud-est de la cité tourangelle, dont la majorité du territoire était située en dehors de l’enceinte de la ville, se distinguait principalement par sa place Neuve, autour de la porte du même nom, issue de la transformation de la voirie, opérée autour de 1450 (lotissement de la Chancellerie, prolongement de la rue de la Scellerie). Déjà agrandie au XIIIe siècle, elle accueillait l’église paroissiale, mais également le réservoir contenant les eaux acheminées depuis les sources de Saint-Avertin pour alimenter les fontaines de la cité. La partie intra-muros de Saint-Étienne abritait également l’Hôtel Dieu de la ville implantée en face de la cathédrale. Il semble que cette paroisse ait été après 1470 un lieu privilégié ou se concentrait la population des artisans de la soie, activité qui assure un certain succès économique de la ville dans la première moitié du XVIe siècle [Coudouin, 1980, p. 56]. La paroisse comprenait aussi un grand nombre d’artistes qui étaient venus s’établir dans la rue des Filles-Dieu, actuelle rue Bernard Palissy, en dehors des murs. Jean Clouet semble y avoir résider un temps, en 1523 [Renumar, 1er avril 1523]. Michel Colombe avait quant-à-lui choisi la rue des Filles-Dieu et y avait établi son atelier à la fin du XVe siècle, fédérant autour de lui nombre de collaborateurs à l’instar de Guillaume Regnault ou encore Jérôme Pascherot [Giraudet, 1885, p. 87]. Une inscription accrochée à l’une des façades de la rue garda jusqu’à il y a encore quelques années la trace de cette présence. Datée de 1527, l’inscription mentionnait l’une des crues de la Loire et du Cher en ces mots : « La rivière de Loire et du Cher ont esté jusque a sette pierre de marbre le XXVIII de may 1527, Pascherot le set, Claveau l’a veu, et fut renouvellée en 1582 » [Bosseboeuf, 1888, p. 19]. La rue des Filles-Dieu comprenait également la chapelle du même nom et bien plus loin, dans son prolongement la maladrerie Saint-Lazare dédiée aux pestiférés.

 

Saint-Vincent

Cette paroisse du sud de Tours, enclavée entre les paroisses Saint-Saturnin, Saint-Pierre-du-Boile, Saint-Étienne et Saint-Hilaire, était à cheval sur la muraille sud de la cité. Traversée par la rue de la Scellerie, la paroisse abritait l’hôtel de la Chancellerie construit par le chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins, ensemble architectural qui à partir de 1447 modifie sensiblement la topographie du quartier [Chevalier, 1983, p. 221]. De part et d’autre de la rue, les corps de logis étaient réunifiés par l’ancien portail Saint-Vincent installé sur la rue. Le chancelier puis son fils Jean avaient développé ce secteur en lotissant la rue et en implantant une boucherie de 4 étals. À l’instar de la paroisse Saint-Étienne, Saint-Vincent était prisée des artistes. Nombre d’imprimeurs et libraires avaient installé boutiques à proximité de la Chancellerie [Chevalier, 1983, p. 222]. Ce haut lieu de l’administration écrite devait fournir du travail en quantité à ces artisans des métiers du livre. D’autres artistes s’étaient également établis en ces lieux. Jean Juste y acquit en 1522 la maison dite de La Ville-de-Venise, au coin de la rue du Cygne et de la rue de la Scellerie [Renumar, 22 janvier 1522]. Les Cordeliers, en s’installant à l’angle de la rue des Cordeliers et de la rue de la Scellerie, avaient choisi de faire de cette paroisse leur terrain de prédication depuis le XIIIe siècle [Mabire La Caille, 1981, p. 33]. Au-delà de l’enceinte de la ville, la paroisse s’était développée notamment autour de la rue Chaude qui fut elle aussi le lieu d’habitation de plusieurs artistes. Les frères François, maîtres maçons des œuvres de la cathédrale de Tours y achetèrent une maison en 1521 [Renumar, 31 décembre 1521].

 

Saint-Hilaire

Cette paroisse relativement modeste du centre ouest de la cité tourangelle, se détachait particulièrement par la présence de l’hôtel de la Massetière au nord-ouest de son territoire. Au sud de l’hôtel, se trouvait l’église paroissiale au fond de l’impasse Saint-Hilaire. Centre névralgique de la paroisse, le lieu avait été choisi pour y installer une fontaine édifiée entre 1510 et 1514 en partie aux frais de Henri Bohier, dont l’hôtel était voisin bien que dépendant de la paroisse Saint-Saturnin [Domec, 1987, p. 795]. À l’ouest de l’église et de l’hôtel de la Massequière, s’étendait l’enclos des Augustins. Un autre établissement religieux était implanté sur le territoire de la paroisse, mais cette fois-ci sur les murs. Le prieuré Saint-Michel de La Guerche était accolé au versant sud des remparts.

 

Saint-Pierre-du-Chardonnet

Située au sud-ouest de la ville, la paroisse Saint-Pierre-du-Chardonnet ne contenait qu’une infime partie de son territoire dans l’enceinte de la cité. Sa superficie extra-muros reste cependant dure à évaluer. Peu peuplée, elle se composait essentiellement de jardins. La paroisse fut supprimée en 1777, en même temps que Saint-Simple sur décision de l’archevêque de Tours [Livernet, 1978, p. 783].

 

Saint-Venant

Cette paroisse presque intégralement intra-muros, ne comprenait qu’une bande de terre longeant les murailles et les fossés de la ville à l’extérieur de l’enceinte. L’essentiel de son territoire était occupé par la collégiale Saint-Martin, son cloître et le quartier canonial développé au sud de ce dernier. Le quartier renfermait nombre des administrations de l’abbaye et notamment l’aumônerie. La paroisse avait donc un caractère administratif affirmé et était le siège de l’administration martinienne [Livernet, 1978, p. 780]. Des maisons à enseigne sont à noter dans la paroisse, notamment celle de La Chièvre, rue de la Scellerie en 1545 [Bosseboeuf, 1888, p. 118] et celle Les Cocquz à l’extérieur des murs, sur le chemin allant vers Saint-Éloi, mentionnée en 1561 [Renumar, 8 août 1561].

 

Saint-Simple

Bien que l’ensemble de la superficie de la paroisse s’étendait en dehors de l’enceinte de la ville, l’église paroissiale avait elle été construite accolée à l’enceinte de Châteauneuf, à l’abri des murs du XIVe siècle. À l’instar des autres paroisses dont les limites se perdent dans les faubourgs de la ville, Saint-Simple était très étendue. C’est sur son territoire qu’à l’ouest est installé au début du XVIe siècle le Sanitas, établissement de soins dédié à l’accueil des pestiférés [Viel er Huard, 1996, p. 828]. Un peu éloigné de la ville intra-muros, s’y trouve aussi implanté le prieuré Saint-Éloi. La paroisse comprenait plusieurs maisons à enseigne dont les archives gardent une trace. Parmi elles, celle de l’Image Notre-Dame [Renumar, 23 octobre 1561] et de La Sainte-Barbe [Renumar, 23 septembre 1546], toutes deux attestées en 1546. Une hôtellerie, celle des Trois-Piliers est également avérée en 1525  [Renumar, 31 août 1525]. Dès 1473, les habitants pouvaient se divertir en allant jouer une partie de jeu de paume dans l’établissement dédié construit à proximité de la porte Saint-Simple [Renumar, 19 novembre 1473].

La paroisse fut supprimée en 1777 par décision de l’archevêque de Tours [Livernet, 1978, p. 783].

 

Saint-Clément

Cette paroisse du centre ouest de la ville de Tours ne contenait qu’une infime partie de sa superficie dans l’enceinte de la cité. L’église paroissiale avait été intégrée à l’intérieur de l’enceinte du XIVe siècle pour assurer sa protection. Bien à l’abri des remparts se trouvait également l’hôtel Cottereau propriété du notaire du roi Guillaume Cottereau (7 rue des Trois-Écritoires). Plusieurs maisons à enseigne, celle de l’Image Saint-Michel en 1555 [Renumar, 15 juillet 1555] et celle de la Maison de Picardie en 1561 [Renumar, 25 septembre 1561] ainsi que l’hôtellerie des Trois Marchands, propriété du contrôleur de la maison du roi Élie Delafons en 1599 [Renumar, 14 août 1599], sont attestées dans la paroisse.

La population de la paroisse se composait d’artisans et de marchands. On y trouvait également plusieurs procureurs du siège présidial comme le montre un rôle des habitants datant de 1557 [role 1557].

 

Notre-Dame-la-Riche

Cette paroisse du nord-ouest de la cité comprenait l’essentiel de son territoire en dehors de l’enceinte de la ville. Tous visiteurs se rendant à Tours par l’ouest devaient traverser cette paroisse. La présence du château du Plessis-lès-Tours plus à l’ouest, résidence royale, rendait cette fréquentation d’autant plus importante. A l’ouest, Notre-Dame-la-Riche était traversée par le ruau Saint-Anne qui assurait une liaison entre le Cher et la Loire. Au nord, elle s’ouvrait sur la Loire, et un port, le Port de Bretagne où l’on déchargeait les marchandises [Chevalier, 1983, p. 20]. Plusieurs auberges et hôtelleries s’étaient installées dans la paroisse pour accueillir les voyageurs [Livernet, 1978, p. 785]. On pouvait ainsi loger à l’hôtel des Quatre-Vents situé au 21 de la rue du même nom [Clérambault, 1912, p. 44] ou encore à la Maison de l’Épée royale au 23 de cette même voie [Clérambault, 1912, p. 45]. À ces hôtelleries, il fallait ajouter de nombreuses maisons à enseigne, parmi lesquelles l’Ave Maria [Renumar, 29 octobre 1561], l’Âne Vert [Renumar, 22 novembre 1561] ou encore Les Trois Rois [Renumar, 20 janvier 1496]. Les pèlerins et voyageurs pouvaient trouver refuge à l’hôpital des hospitaliers du Saint-Esprit, jouxtant l’église paroissiale située hors des murs (dans l’actuelle rue Georges Courteline).

La paroisse, dans sa partie extra-urbaine, comptait édifices religieux incontournables. Non loin du château se trouvait le prieuré Saint-Cosme qui fut la dernière demeure du poète Pierre de Ronsard [Prieuré Saint-Cosme]. Était implanté au delà du château du Plessis le couvent des Minimes fondé par Saint-François de Paule. Juste à côté du pont Saint-Anne prenait place le prieuré Saint-Augustin Sainte-Anne [Base POP, IA00071221], et a proximité de l’église paroissiale se trouvait le prieuré Saint-Médard [Base POP, IA00071222]. Dans les murs de la ville, le prieuré du Petit-Saint-Martin faisait partie également de la paroisse de Notre-Dame-la-Riche.

La population de Notre-Dame-la-Riche se composait d’une population importante d’artisans et notamment ceux issus des métiers de la construction. Parmi eux, le maître maçon Alexandre Ier Robin qui œuvra à plusieurs chantiers dans la ville dans la première moitié du XVIe siècle [Ponts de Tours, 1978-1979, p. 33]. L’installation royale au Plessis va provoquer dans la seconde moitié du XVe siècle un afflux supplémentaire d’artisans au service du souverain.

 

Sainte-Croix

Figurant parmi les plus petites paroisses de la cité avec Saint-Denis et Notre-Dame-de-l’Écrignole, Sainte-Croix se situait à l’extrémité ouest de l’enceinte urbaine de la ville, à la limite de l’ancien quartier Châteauneuf, l’église paroissiale se situant face à l’entrée principale de la collégiale Saint-Martin. Populaire et animée, cet espace bénéficiait de la présence de la place du Grand-Marché au centre de son territoire qui lui assurait un certain dynamisme. Lieu de marché, elle attirait vendeurs et habitants qui à partir de 1518 pouvaient également jouir de la fontaine qui y fut installée [Domec, 1987, p. 804]. Les badauds pouvaient, à l’occasion, venir y admirer des joutes royales données régulièrement ou venir assister à l’exécution d’un condamné [Chalmel, 1818, p. 227].

La paroisse comprend et conserve encore plusieurs maisons et hôtels particuliers remarquables des XVe et XVIe siècles, dont celui des Berthelot/Briçonnet. Encore en partie visible aux 11 et 13 de la rue Châteauneuf, l’hôtel édifié par l’édile Jean Briçonnet puis revenu en héritage à Jean Briçonnet l’aîné [Chevalier, 2005, p. 49-50], jouxtait l’église paroissiale. Jean Berthelot avait d’ailleurs œuvré d’embellissement de l’église [Giraudet, 1883, p. 175]. Autre hôtel remarquable de la paroisse, celui de l’Arbalète au 5bis de la rue du même nom. Plusieurs maisons à enseignes y étaient présentes. L’enseigne de la Serpe se trouvait en 1505 place du Grand-Marché [Renumar, 23 juin 1505]. Celle du Serpent Volant, dans la rue du même nom, est attestée dès le XIVe siècle [Guérin, 1913, p. 142]. L’hôtel des Trésoriers, siège de l’administration financière de Saint-Martin, était également dans cette paroisse. Le portail qui permettait d’y accéder est d’ailleurs toujours visible aux 54-56 place du Grand-Marché. Le peintre et enlumineur Jean Bourdichon avait élu domicile rue de la Serpe (la maison existe toujours au n°3 de la rue).

La paroisse fut supprimée en 1781 en même temps que Notre-Dame-de-l’Écrignole [Livernet, 1978, p.777].

 

Saint-Pierre-le-Puellier

Située à l’angle nord-ouest de Tours, la paroisse Saint-Pierre-le-Puellier était l’une des trois paroisses intra-muros donnant sur la Loire avec Saint-Saturnin et Saint-Pierre-du-Boile. À l’instar de ces consœurs, la proximité du fleuve lui assurait une activité économique intense. Le port de l’Écohérie, aussi appelé port des Tanneurs, était l’un des plus importants de la cité en termes de trafic[Chevalier, 1983, p. 20]. En plus de cette ouverture sur le fleuve, Saint-Pierre-le-Puellier comprenait deux portes. L’une à l’extrémité de la rue des Trois Anges (actuelle rue Eugène Sue) et à l’issue de la rue des Trois-Pucelles. Elles permettaient aux bouchers, poissonniers et tanneurs de la ville d’aller déverser les déchets de leurs industries dans la Loire. L’actuelle rue des Tanneurs témoigne de l’activité de ces spécialistes du traitement des peaux en vue de la fabrication du cuir. Une écorcherie, dédiée au dépeçage des bêtes, avait été installée dans une rue à laquelle elle donna son nom (actuelle rue de la Paix) [Chevalier, 1993, p. 159], et la Petite-Boucherie se trouvait à l’angle nord-est de la Grand-Rue (rue du Grand-Marché) et de la rue de la Boule Peinte (rue du Dr Bretonneau) et la Grande-Boucherie au nord de la place du Grand-Marché [Giraudet, 1883, p. 255]. D’autres activités commerciales venaient s’ajouter puisque la paroisse comprenait dans son territoire une partie du carroi aux chapeaux sur lequel étaient vendues des fleurs destinées à orner les chapeaux, d’où son nom [Collas, 2015]. De nombreuses maisons à enseignes y étaient présentes, l’Aigle dans la Grand-Rue attestée en 1477 [Renumar, 28 février 1477], le Pélican rue de l’Écoherie en 1561 [Renumar, 12 mai 1561 ; Renumar, 26 avril 1561 ; Renumar, 26 avril 1561] et le Sabot rue des Trois-Anges la même année [Renumar, 22 avril 1561 ; Renumar, 3 octobre 1561] notamment. Il est encore possible d’admirer nombre de maisons et hôtels particuliers des XVe et XVIe siècles. Le plus célèbre d’entre eux étant l’hôtel de Pierre du Puy plus connu sous le nom de maison de Tristan l’Hermite au 16 de la rue des Trois Anges (actuelle rue Briçonnet). L’une de ses maisons appartenait au peintre Jean Clouet et à sa femme Jeanne Boucault [Zvereva, 2016, p. 155 et Renumar, 1er avril 1523].

L’église paroissiale Saint-Pierre-le-Puellier était située sur le versant nord de l’actuelle place Plume. Des vestiges de l’église sont visibles depuis le jardin Saint-Pierre le Puellier.

 

Saint-Denis

La paroisse Saint-Denis était l’une des trois plus petites de la ville avec Saint-Croix et Notre-Dame-de-l’Écrignole. L’église paroissiale a été bâtie intra-muros, à l’angle nord-est de l’actuelle place Châteauneuf. Elle comprenait deux carrois dynamiques. Une partie du carroi aux Chapeaux, situé à l’angle nord-est de l’actuelle Place Plumereau, ainsi qu’une portion du carroi Saint-Martin (actuelle partie nord-ouest de la place Chateauneuf) étaient sur son territoire. Le carroi aux chapeaux, qui devait son nom à la présence des marchands qui vendaient des fleurs destinées à orner les chapeaux, assurait une activité économique soutenue à la paroisse [Collas, 2015]. La porte d’accès la plus fréquentée de Saint-Martin débouchait sur le carroi Saint-Martin, ce qui en faisait un lieu de passage très fréquenté [Lelong, 1985, p. 162].

Centre de l’administration municipale et royale, la paroisse abritait le l’hôtel de ville au sein de la Grand-Rue (rue du Commerce). Un peu plus au sud, la rue de la Monnaie devait son nom à la présence de l’hôtel de la Monnaie où était frappée la monnaie [Base POP, PA00098175]. Le présidial s’installa aussi a proximité, constituant le véritable quartier administratif de la ville.

Une grande partie du personnel de ses institutions logeaient dans la paroisse, on trouve ainsi un grand nombre de magistrats, monnayeurs et membres du personnel de la maison du roi  y résidant. Galliot Mandat, secrétaire ordinaire de la reine de Navarre, avait acheté rue de la Monnaie la maison où pendait l’enseigne Le Soleil en 1579 [Renumar, 15 juillet 1572 ; Renumar, 29 avril 1579]. La famille d’imprimeurs Le Mercier s’installa dans la paroisse pour travailler pour Saint-Martin et les différentes administrations consommatrices de papier et d’imprimés [Augereau, 2005, p. 584-585]. Plusieurs artistes avaient élu domicile à Saint-Denis. Parmi eux figurait l’orfèvre Guy Hutel attesté en 1572 [Renumar, 29 avril 1572] ou encore le peintre et valet de chambre du roi de Navarre François Bunel en 1595 [Renumar, 17 mai 1595]. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la paroisse abritait plusieurs personnes au service de la maison de Navarre (le trésorier Thomas Lecoustellier, rue de La Rôtisserie [Renumar, 10 avril 1556]).

 

Notre-Dame-de-l’Écrignole

Avec les paroisses de Saint-Denis et de Sainte-Croix, la paroisse Notre-Dame-de-l’Écrignole était l’une des plus petites de la ville. Située dans la moitié ouest de la cité, elle comprenait une église paroissiale qui prenait place à l’est de Saint-Martin. Sa proximité avec la collégiale lui assurait de nombreux visiteurs et pèlerins en témoignait la présence de l’hôtellerie du Panier Fleuri. Toujours visible aujourd’hui la maison est aux 2 et 4 rue du Panier Fleuri, reconnaissable grâce à un bas-relief sculpté sur la façade représentant des fleurs dans un panier [Clérambault, 1912, p. 38-39]. À son angle sud-est, la paroisse comprenait la tour des Pucelles. Devenue inutile après la construction de l’enceinte de Jean le Bon (XIVe siècle), elle fut transformée en habitation. Le chapitre de Saint-Martin, qui en était propriétaire, la loua en 1448 à la famille de l’enlumineur Jean Fouquet qui y installa son atelier [Grandmaison, 1870, p. 16].

La paroisse comprenait une importante concentration d’artistes et notamment de brodeurs, tapissiers et peintres, certains d’entre eux œuvrant auprès de la famille royale, à l’instar de Girard Odin, brodeur de Louis XII et François Ier en 1522 [Renumar, 13 février 1522]. Le peintre-vitrier Gaucher Famyre demeurait également à Notre-Dame-de-l’Écrignole en 1557 [Role 1557].

En raison de l’installation du Présidial à proximité (rue Boucassin), Notre-Dame-de-l’Écrignole accueillait de nombreux magistrats, conseillers du roi et sergents royaux. Parmi eux se trouvaient Marc de La Rue et Paul Binet, ce dernier donna de plus l’hospitalité à Philippe Duplessis-Mornay lors d’un de ses séjours dans la cité [Augereau, 2005, p. 303]. Cette proximité attira également l’imprimeur du roi et libraire Zacharie Griveau dont la boutique était située juste en face du Présidial en 1577 [Renumar, 18 décembre 1581].

La paroisse Notre-Dame-de-l’Écrignole fut supprimée en 1781 [Livernet, 1978, p. 777].

 

Bibliographie

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https://saintpierredescorps.fr/decouvrir-la-commune/en-quelques-mots